D’aucuns disent que la ville est un long fleuve tranquille ; ils n’ont certainement jamais pris le bus à Darwin.
Commençons par les arrêts de bus qui sont plutôt rudimentaires. Quand l’arrêt mérite plus qu’un simple panneau de circulation, on peut s’abriter de la chaleur ou de la pluie (ça dépend des jours) sous des abris-voyageurs fabriqués avec de la tôle. Les habitants les plus chanceux auront droit à des mini-bunkers en béton tagués avec des images typiques de la région et accompagnés par des phrases chocs : « se donner la main peut sauver la vie » ou encore « pense à ton casque quand tu fais du vélo ». Quelques feuilles A4 qui se battent en duel pour afficher les horaires et la carte des lignes concernées complètent sobrement le décor. Point positif : pas de publicité du tout !
Autre point positif : la ponctualité. Chaque ligne comporte des arrêts stratégiques (environ 1 sur 4) dont l’utilisateur connait la position et les horaires de passage pour la journée. Et force est de constater que les conducteurs s’arrangent toujours pour être à l’heure à ces arrêts clés (voire même parfois en avance…).
Mais si prendre le bus relève autant de l’épopée, c’est tout simplement parce l’utilisateur est entièrement livré à lui-même. Les arrêts ne comportent pas de nom, juste des numéros écrits en tout petit et qui ne servent à rien. Dans les bus, aucune carte de la ligne en question, aucune annonce sonore pour indiquer le prochain arrêt. Alors avant de se décider pour une activité, il faut bien préparer son coup :
- Repérage de l’arrêt où on va monter ;
- Repérage de l’arrêt où on va descendre ;
- Comptage du nombre d’arrêts séparant les deux ;
- Repérage des rues alentour au cas où on se tromperait dans le décompte ;
- Anticipation des 4 étapes ci-dessus pour le trajet retour parce que oui, les arrêts ne se font pas toujours face et sont parfois séparés de plusieurs centaines de mètres.
Autant dire que l’on n’appuie pas sur le bouton STOP sans y réfléchir à deux fois et que certains s’excusent d’un « sorry, next stop » pour avoir pressé la détente trop tôt.
Après avoir soigneusement planifié notre expédition, nous attendons fébrilement le bus qui finit par pointer le bout de son nez. Les voyageurs descendent (librement à l’avant ou à l’arrière) puis c’est à notre tour de monter. On est accueilli par un conducteur cloitré derrière une grille métallique ou une plaque de plexiglas. On imagine qu’il a dû y avoir de sacrés antécédents pour que les bus ressemblent à des convois pénitenciers… Néanmoins – ancienne colonie oblige – le british code est de rigueur : tous les passagers y vont de leur « Good morning« , « Hi mate », « Thank you » et autres « Cheers », que ce soit en montant ou en descendant du bus.
Une fois installés, on se rend rapidement compte d’une autre difficulté. Si la France est le pays qui détient le plus de ronds-points au monde, la capitale du Territoire du Nord n’est pas en reste. Dès que l’on sort des axes principaux pour s’aventurer dans les quartiers périphériques, on tombe sur des ronds-points, des ronds-points et encore des ronds-points. Partout. Quasiment à chaque carrefour. Pendant que le conducteur fait des pieds et des mains pour rester sur la chaussée et règle à la perfection ses compas dans l’œil pour éviter bordures et nids de poule, les passagers s’accrochent à la barre pour ne pas glisser de leur siège.
On arrive enfin à destination, sains et saufs, avec quelques frayeurs tout de même liées à une conduite à gauche toujours aussi perturbante.
Il est intéressant de noter qu’une majorité des utilisateurs des transports en commun sont des asiatiques (vue la proximité avec l’Asie du sud-est, rien d’étonnant) ou des aborigènes. A croire que les blancs possèdent tous leur voiture (comprenez par là leur SUV) et n’ont pas à se poser de question. Et dernier point positif (et pas des moindres), les bus sont gratuits pour les etudiants. Il suffit juste de montrer sa carte ou mieux, de porter l’uniforme de son école.
cool le site ! très belles photos!