La croisière s’amuse

« What about sailing? ». Premiers hôtes australiens, première semaine, et on se retrouve déjà sur un bateau, à naviguer dans la mer du Timor, les cheveux au vent et les doigts de pieds en éventail.

La famille qui nous accueille à Darwin possède un catamaran version XXL que l’on doit remettre à neuf en prévision de la saison sèche, période propice aux virées en mer. Pendant que Tony, le père, remet en marche toute la mécanique (moteur, toilettes, écrans de contrôle, etc), les helpers que nous sommes s’occupent du nettoyage, de la nourriture à ranger dans le mini frigo, et de toutes les nouvelles fournitures achetées par Maddie, la mère. L’intérieur du bateau, que l’en tente en vain de rafraichir en ouvrant tous les hublots, ressemble à un four. Et les petits ventilateurs fatigués n’y changent rien.

Pour nous remercier, on est invité pour une ballade de quelques heures à bord du « Jalan Jalan », petit nom du bateau signifiant en indonésien « partir tranquillement, sans se soucier de rien ». Ce sera le leitmotiv de ce petit tour qui s’étalera finalement sur deux jours !

Petite visite sur trois niveaux comprenant cuisine, chambres, toilettes et salon : comme à la maison. Tous les éléments du bateau sont ajustés au centimètre près. En comparaison, notre deux-pièces parisien de 30m² nous semble bien grand et peu optimisé… L’avant du catamaran possède deux trampolines où il fait bon lézarder au soleil. La ventilation intérieure est assurée par toute une série de hublots ouverts en permanence.

 

 


  « Attention aux trous ! ». Voilà le premier conseil que je donnerais à bord du bateau. Je pêchais tranquilou à l’avant du catamaran lorsque j’ai remarqué un banc de poissons qui s’agitait à l’arrière. Ni une ni deux, j’ai rembobiné mon hameçon et je me suis précipitée dans leur direction. J’ai juste oublié de faire attention aux hublots ouverts… Et hop, une jambe dans le trou, pendue dans le vide, et l’autre restée à l’extérieur pour amortir la chute. Je vous rassure la canne à pêche n’a rien eu. Moi, j’ai passé l’après-midi assise avec un sac de glace sur mon genou cabossé. Et mon téléphone qui était dans ma poche s’en souvient encore…


On quitte la marina en début d’après-midi puis on hisse la grand voile pour mettre le cap à l’ouest, direction Quail Island – l’île aux tortues. Au bout d’une heure, on est définitivement hors de vue de toute terre, à flotter sur les vagues avec comme seul paysage la mer, le ciel et l’horizon pour les différencier (modulo quelques tortues et dauphins).

Le coucher de soleil commence. On s’allonge sur les trampolines, un verre de gin tonic dans la main, des chansons australiennes pour les oreilles et les yeux levés vers le ciel rose orangé. Bientôt on ne distingue plus rien, il est l’heure du repas et des confidences !

Naïvement, on demande à Maddie en quelle année ils ont acheté leur bateau. On pensait avoir simplement une date mais on se retrouve embarqué dans une histoire au long cours. Vingt ans plus tôt, lors de la Saint-Valentin, elle offre à Tony les plans d’un catamaran (coût de l’opération 6000 dollars tout de même). Et de la même façon que l’on monte des meubles IKEA en kit, ils entament leur première année de construction sur les quatorze que nécessitera ce chantier de grande ampleur. Quatorze putains d’années ! Soit environ 15% d’une vie consacrés à construire son propre navire. En termes de projet de couple, on est dans le haut du panier.

Il était prévu ensuite de rendre visite aux tortues sur l’île pour tenter d’en apercevoir pondre leurs œufs. Tous les voyants étaient au vert : ciel dégagé et pleine lune. Il ne restait plus qu’à aller se poser sur le sable et attendre. Ce n’est qu’au moment de prendre le zodiac pour rejoindre l’île qu’on s’aperçoit qu’il manque les bidons d’essence, restés dans la voiture au port suite à un problème de compréhension entre Tony et un autre helper embarqué avec nous. Genius… Qu’à cela ne tienne, on se déplace sur un lieu tenu secret pour improviser une séance de pêche by night. Résultat peu concluant malgré la vie nocturne sous-marine grouillante et les calamars qui cognent le bateau.

Le lendemain matin on commence par une séance de pêche pour ne pas rester sur l’échec de la nuit précédente. Et la chance nous sourit enfin : on attrape des queen fishes à tour de bras ! Et on ne parle pas de petits poissons qui feraient l’affaire pour un chaton mais de véritables sacs à viande flottants, suffisants pour un groupe entier ! Quelques hameçons sont arrachés ; par des requins dira Kate, la fille. Tony ne la contredit pas. Affaire à suivre…

Pour le déjeuner, on aurait pu cuisiner des pâtes au fromage dans la kitchenette mais ça serait un peu comme se contenter d’une salade après une journée de ski. On mangera évidemment du poisson, en marinade, frit à la poêle ou en curry à la coco.

Malheureusement toute bonne chose a une fin et il est temps de rentrer. Le manque de vent nous permettra de profiter un peu plus de l’air marin et d’arriver à Darwin avec le coucher de soleil. Appareil photo en main, on pousse le curseur de saturation des couleurs et on profite de ces derniers moments sur l’eau.


Il existe à Darwin, au niveau de l’île Tiwi, un type de nuage très particulier et facilement reconnaissable. En fin de journée, pendant la saison humide, les grosses masses nuageuses se transforment en une sorte de chapeau : la partie basse s’étire horizontalement pendant que la partie supérieure remonte dans l’atmosphère (jusqu’à 20km !). Les locaux l’appellent « Hector », nom donné pendant la seconde guerre mondiale par les pilotes. Il permettait à ces derniers ainsi qu’aux marins de se repérer facilement dans la région.


 

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