Quatre puppies pour un joey

Un émeu dans un zoo ? Evidemment. Un dromadaire dans le désert australien ? Hum, pourquoi pas, faut vérifier. Un kangourou roux dans notre lit ? C’est possible, à Yuendumu, où chaque matin semble encore plus insolite que le précédent. Aujourd’hui, voilà que Gloria arrive au Donga avec un carton rempli de chiots à l’arrière de sa jeep et un bébé kangourou dans un sac. Scène hors-du-commun pour nous ; la routine pour elle qui est sur tous les coups pour sauver la faune locale.

Une séance de gazouillis, grimaces et papouilles plus tard, et nous voilà en train d’accepter de prendre soin de ces marmots en détresse. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut rajouter « babysitting de kangourou » à son CV.

On rentre rapidement dans notre rôle d’apprentis parents. Le joey est installé dans un sac rembourré pour reproduire la poche ventrale des marsupiaux et les puppies sont roulés chaudement dans des couvertures pour sortir en extérieur. Enfin, juste quelques secondes, le temps de faire le trajet du Donga au centre d’art, et plus précisément dans la réserve des tableaux réinvestie en ménagerie provisoire afin de garder un œil sur nos rejetons. Les enfants sur le lieu de travail : so 21ème siècle.

Cela nous permet de faire de multiples pauses pendant la journée et de se rendre discrètement dans la réserve pour un check-up complet de toute la troupe. Le hasard a rendu son verdict : ce sera une pause biberon pour papa, dehors au soleil, et une pause pipi pour maman qui tente tant bien que mal d’essuyer une petite fuite.

Les retours au Donga sont agités. Les bébés sont plus déchainés que jamais et réclament déjà leur pitance, comme si on ne les nourrissait jamais assez. Et si on en doutait, la réponse est oui : il existe du lait pour kangourou et des biberons spéciaux avec une tétine allongée.

On décide de se répartir les tâches : l’un tente de repousser la meute affamée dans le salon tout en nourrissant les plus petits avec la viande hachée directement dans la main, tandis que l’autre décrypte l’actualité politique avec l’ainée du groupe (7 mois) qui fait preuve d’un intérêt remarquable.

Avant le coucher, on s’accorde un moment jeu avec nos chérubins, histoire de bien les fatiguer et espérer passer une bonne nuit. Entrainement de judo, dépouillage de la barbe… Tous les moyens sont bons pour gagner quelques heures de sommeil.

Mais rien n’y fait : on doit se réveiller toutes les trois heures chaque nuit pour répondre aux flots de grattages et couinements en tout genre. Heureusement on s’est équipé d’un décodeur animalier de seconde-main pour répondre au plus vite à la demande. Il y a globalement quatre sons de base : celui pour les toilettes (le moins sympa), celui pour le manger, celui pour le dodo (alléluia), et celui, ô combien craquant, pour réclamer un câlinou.

Tous ces menus sacrifices sont vite balayés par les progrès fulgurants des bambins. La première sortie seul sur la terrasse du Donga, le premier repas autonome ou encore, cette première fois où le bébé kangourou est sorti de son sac pour faire ses premiers bonds fébriles sur le lit. Avant de revenir se fourrer dans le sac, plus sécurisant. Passée cette étape formatrice, plus aucune gêne. C’est Intervilles tous les soirs sur la couverture. Il faut que jeunesse se passe sans doute…

On pourrait s’épandre encore longtemps sur l’arsenal dont disposent ces petits fripons pour attirer l’attention : les léchouilles, les truffes qui remuent, les petits yeux tous noirs… Mais toute les bonnes choses ont une fin, et même si on aurait aimé garder les pitchounes avec nous, leur futur reste entre les mains de Gloria, qui saura garder la tête froide pour leur trouver un foyer définitif.

Un commentaire Ajoutez le votre

  1. Mom dit :

    Oooooh❤️❤️❤️❤️

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