NPNT#5 – Quoi de neuf sous le soleil ?

Résumé de l’épisode précédent : rien de mieux qu’une parenthèse dans des sources thermales pour retrouver de l’allant. Nos deux détectives en avaient bien besoin après avoir subi la première déconvenue de leur carrière. Le cerveau reposé et le corps relaxé, les voici plus déterminés que jamais à capturer Super Croc dans le parc national de Gregory.


La nuit a été courte. Faut dire que les 400 km qui séparent notre paradis perdu du parc national de Gregory n’ont pas été de tout repos. Entre les wallabies qui surgissent de nulle part, les road trains qui nous aveuglent avec leurs énormes phares et ces interminables lignes droites de bitume qui endorment les routards les plus endurcis, on n’a pas chômé.

C’est donc au petit matin qu’on arrive au point de rendez-vous. Mais point de contact en vue. On est d’ailleurs bien seuls dans ce parc… C’est louche ! Comme si on nous avait tendu un piège. Mais ça prend pas avec nous. On redémarre la caisse sans attendre le déserteur : on se débrouillera autrement pour débusquer le Croc.

Direction la caserne des rangers pour y voir un peu plus clair. Pas plus de succès : personne n’est disposé à causer avec nous. A la place, on nous envoie sommairement dans la cave aux archives avec un de ces petits rictus au coin des lèvres qui veulent tout dire. Faute de mieux, on déterre la tonne de paperasses poussiéreuses pour se coltiner les chroniques et faits divers des lieux.

On y trouve le journal de Gregory, un explorateur anglais jamais à court d’idées. Il a inventé un compas qui s’utilise dans le bush, à dos de cheval, cheval qui  un jour est monté sur un crocodile en pensant avoir affaire à un tronc… Un homme et son destrier sans peur qui nous auraient été bien utile dans notre enquête ! Greg’ parle aussi d’un boab plutôt balèze sur lequel il aurait gravé des infos pour les explorateurs de la région. Sur le mur décrépi des archives on repère une vieille carte du parc avec la localisation de ces arbres zarbis.

On s’accapare la carte en douce et c’est reparti pour une nouvelle séance de gymnastique dans le bush. On s’éloigne de la route par le sud, puis on tourne à la troisième ondulation de la rivière Victoria avant de s’enfoncer dans les gorges de limestone. La roche s’effrite sous nos pas, la végétation s’écarte à notre approche et le soleil tape comme jamais sur nos crânes déjà bouillonnant. On a trouvé l’endroit idéal pour les sessions d’entrainement « commando » de l’agence ; faudra qu’on lui en touche un mot à l’occasion.

Et voilà qu’on finit par atteindre la plaine des boabs ; et c’est les doigts dans le nez qu’on repère le plus gros. Pas besoin de compas du bush pour avancer, notre expérience a parlé d’elle-même.

Bon, c’est pas tout mais faut qu’on défriche ces fichus graffitis gravés sur le tronc : « 2 juillet 1856 », une grande montagne, des crocodiles, une direction vers l’ouest et tout un tas de lettres sans queue ni tête. Un peu fouilli le Greg’… On jette un coup d’œil sur notre carte et on remarque une formation rocheuse un peu plus à l’ouest du Northern Territory, à la limite de notre juridiction.

Une petite heure de goudron plus tard on débarque dans le parc national de Keep River, là où les petits pots de miel et les fruits s’arrêtent. Les collègues du Western Australia ne rigolent pas avec les aliments contaminés. L’atmosphère est sèche, la poussière de roche nous colle à la face et les pythons à tête noire s’invitent à la battue. Un temps à ne pas mettre un croco dehors. Et ce n’est pas les maigres tâches d’ombres dans les montagnes qui vont encourager Super Croc’ à zoner dans les parages…

Heureusement qu’on n’est pas à court d’idée pour obtenir des tuyaux. On a mis sur écoute plusieurs perroquets dont les agissements dans la région sont suspects. Un simple micro dans le tronc d’arbre et les premiers renseignements tombent déjà. De vraies pipelettes ces volatiles :

« Rrregarde-moi ces deux flics en culotte courrrte. Il cherrrche le Crrroc dans le déserrrt !
Ils peuvent attendrrre longtemps. Les rrrivièrrres sont à sec en cette saison ! Ça fait un baille que le Crrroc’ et sa clique sont rrrepartis dans le norrrd, là où l’eau coule en abondance.
Faudrrrait trrrouver un moyen de les rrralentirrr un peu, pour s’amuser.
Coco, tu es incorrrrrrigible ! »

On en est sûr : notre gibier est dans le Litchfield National Park ! De l’eau, y’en a à revendre là-bas. En avant Simone. Et sans klaxon s’il vous plaît, pour pas faire de grabuge.

Dans notre emballement frénétique, un rapide coup d’œil au tableau de bord nous prévient qu’il serait de bon ton de refaire le plein à la prochaine station, située à quelques bornes. Mais arrivés sur place, plus de pétrole, que du diesel. On remarque plusieurs trous dans les pompes et les tuyaux : ça sent le complot ! On essaye quand même de soutirer quelques bidons au tenant de la station, qui nous renvoi illico dans nos clous. « Y’a écrit quoi dehors ?! Plus de pétrole, c’est plus de pétrole, ’savez pas lire ? ». Ces diables de perroquets ne plaisantaient pas…Faudra rouler écolo jusqu’à Pine Creek pour faire le ravitaillement. Si on y arrive…

2 commentaires Ajoutez le votre

  1. Mom dit :

    dur à lire en plein hiver…

  2. boby53 dit :

    Alors: panne ou pas panne?

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