NPNT#1 – Oh Mary…

Juin 2017. Les services secrets australiens ont demandé à deux de ses agents dormants basés à Darwin de travailler sur l’opération « National Parks of the Northern Territory » dite NPNT. Après plusieurs attaques dans la capitale du territoire, le crocodile géant appelé « Super Croc » s’est évaporé dans la nature. Il agirait dans toute la région du Top End et aurait la mainmise sur la population locale. Es-croc-querie, a-croc-chage, croc-en-jambe, la liste des méfaits est longue comme un didgeridoo.

L’affaire a pris une toute autre tournure avec la récente découverte du cadavre de l’adjoint au maire de Darwin dans les marais de Mary River. Les traces de dents sur les morceaux de corps de la victime ne laissent aucun doute. Les experts de la police ont formellement identifié la mâchoire de Super Croc.

A bord de leur nouvelle voiture de fonction, une Ford Station Wagon des plus vintages, les deux agents A. et M. s’embarquent pour une enquête au long cours dans les parcs nationaux du nord de l’Australie. Objectif : capturer Super Croc.


La route de Darwin au parc de Mary River nous plonge dans une atmosphère sourde et implacable. De part et d’autre de la double voie on se perd dans les marécages infestés de crocodiles. Surtout, rester discrets et concentrés. La nuit tombe vite ici et les sauts des wallabies sur le bitume nous poussent vers le Corroboree Caravan Park, pub du bush en façade, camping tropical à l’arrière. Ça fera l’affaire.

On commande un « burger with the lot » au comptoir, histoire de se fondre dans la foule, et on part s’installer dans un coin. On n’est pas les bienvenus : des morceaux d’anciennes connaissances pendent au plafond et des paris sur les prochains cadavres vont bon train. On avale nos burgers et on part se pieuter dans notre convertible.

La nuit a été courte. Peu d’indice et des hypothèses qui tournent en boucle dans nos têtes. On va se changer les idées au Bird Billabong, sur les lieux du dernier crime recensé. On trouvera peut-être des nouveaux éléments.

Nous voilà devant un sacré tas de flotte, bordée d’une végétation en pagaille et de témoins volants piaillant un langage inconnu. On n’en tirera rien… On fait le tour du lac par acquis de conscience mais clairement, les crocodiles sont déjà passés par là pour faire le ménage. Pas le moindre indice donc.

Pas le temps de s’apitoyer, on va être en retard pour notre croisière du soir au Corroboree Billabong. Une vieille brochure collée à la poubelle du camping prétend qu’on peut y dégoter du gros lézard. Armés de notre capteur d’images, on espère pouvoir mettre la main, ou au moins un œil, sur notre cible.

C’était sans compter sur la jovialité du guide et la masse de touristes qui nous cachent la vue. Damned. Les volatiles répondant aux doux noms de jabirus, ibis et perroquets s’agitent frénétiquement. Dans leurs nids, sur les berges, en vol : il y en a partout ! Avec autant de proies à porter de canine, Super Croc devrait apparaître aussi sec.

On observe attentivement et on repère quelques complices, de la petite racaille locale qui ne vaut même pas qu’on s’y attarde. Ce qu’on veut nous c’est le gros lot. En repartant on cuisine le guide pour obtenir des infos sur la région. Il finit par lâcher le morceau : Mary River n’est que la tête de proue d’un énorme réseau qui s’étend jusqu’aux tréfonds du Kakadu. On note rapidement sur notre calepin et on file pour éviter d’attirer l’attention des crocodiles du coin.

De retour au campement, on se triture les méninges. Mary River… Kakadu… C’est bien plus gros que ce qu’on imaginait. La nuit porte conseil, on s’endort. Le lendemain on décide de tenter une nouvelle approche, en solo cette fois. Quelques coups de téléphone au QG pour savoir si le budget le permet et on prend place dans un airboat, le bateau idéal pour nos recherches. A quelques centimètres de l’eau, rien ne peut nous échapper. On a donc 45 min et une bonne poignée de chevaux sous le moteur pour ratisser les lieux.

Un buffle des marais, des nénuphars qui s’emmêlent à nos pieds et sautent sur notre caboche, des yeux inquiets de croco à hauteur d’eau : nous sommes proches du but ! Pourtant les minutes passent et pas la moindre trace de Super Croc. Les jumelles fournies par notre contact n’y changeront rien.

On a quand même embarqué quelques spécimens avec nous pour les interroger. Après des discussions musclées, un crocodile d’eau douce fini par craquer en échange d’une protection policière rapprochée : « On dit que Super Croc se serait construit un fort à Jabiru, dans le Kakadu. Il gère son business depuis là-bas. ».

Pas une minute à perdre, on remonte dans notre bolide et on embraye vers le parc national du Kakadu.

Un commentaire Ajoutez le votre

  1. Mom dit :

    À croquer cette chronique…vite la suite

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