Les légumes sont dans le pré

On a enfin trouvé une solution pour les citadins en mal de nature, frustrés de faire pousser des tomates cerises sur un balcon trop petit au milieu de la pollution : le jardin d’Ewan. Ce-dernier étant déjà occupé à 100% par l’élevage de sa ménagerie, il a laissé progressivement à l’abandon son potager. Deux français motivés ont relevé le défi et ont redonné des couleurs (vertes surtout !) à l’ensemble.

A peine débarqué à la ferme et déjà les mains dans la terre. On a trois semaines pour réussir à faire pousser des légumes dans le fond du jardin. Pas une mince affaire avec toutes ces herbes folles qui ont profité de l’espace disponible pour prendre leurs aises. On commence donc par des sessions musclées d’arrachage en tout genre : herbes, graminées, arbustes, seaux, pots de fleur et grillages. Parfois il faut prendre la scie électrique pour se frayer un passage. Les fourmilières pullulent ici et à chaque fois qu’on les dérange, on se retrouve avec des pincements douloureux aux doigts et aux chevilles. Méfiance et gants montants sont de rigueur. On continue notre labeur en retournant la terre, même celle située dans de vieux pneus de road trains. On arrose. On laboure. On arrose. On attend. On ratisse.

Les parcelles sont enfin prêtes à accueillir les graines. Germera ou germera pas ? Autant sous nos latitudes françaises la question peut se poser, autant dans un milieu tropical la réponse est évidente. « Est-ce qu’on demande à un canard à une patte s’il tourne en rond » répond Ewan. Tout pousse, en toute saison, et très rapidement. Le potager pour les nuls quoi.

On a choisi une sélection de huit légumes : deux types de tomates, des carottes, de la salade, des poivrons, des brocolis, du maïs et des haricots. A cela s’ajoutent des légumes sauvages que l’on a redécouverts en défrichant les lieux. Potirons, patates douces et bananes seront ainsi de la partie.


Petit cours accéléré sur la récolte des bananes. Elles poussent sur d’énormes tiges sortant du feuillage au bout desquelles s’accroche une grosse fleur rouge. Quand on pense qu’il y a assez de bananes sur la tige, il faut la couper. C’est alors que les bananes changent d’humeur et se mettent à grossir. Quand on pense qu’elles sont devenues suffisamment grosses, il faut couper la tige et la suspendre. C’est alors que les bananes rechangent encore d’envie (de vraies  girouettes lunatiques…) et se mettent à mûrir. Et enfin, quand elles deviennent molles, c’est l’heure de les manger.


On sème les graines dans les creusets en les enfonçant un peu. On arrose. On recouvre de terre. On paille les endroits non plantés afin d’éviter que le potager ne redevienne sauvage (tout pousse vraiment très bien ici, et pas que les légumes). On attend. On fertilise. On arrose. On vérifie tous les jours. Et enfin, on aperçoit des petites tiges vertes qui se sont frayées un passage vers le ciel. Précaution à prendre pour éviter les dégâts : toujours fermer le portique du potager (malgré les fourmis vertes qui grimpent partout sur les grillages) au risque de se retrouver le matin sans légumes et avec beaucoup de crottes de wallabies…

Quant aux plantations déjà existantes, on récolte tous les jours de quoi se préparer le repas du soir. C’est assez satisfaisant de cuisiner les légumes que l’on a vu grandir et le goût est toujours au rendez-vous. Potirons grillés au barbecue, patates douces sautées à l’ardéchoise, purées agrémentées de Vegemite, bananes en dessert…

La renaissance de ce potager est un pas de plus pour Ewan vers l’autosuffisance : la viande d’abord, maintenant les légumes. Et le projet suivant est l’installation de panneaux solaires.  De notre côté, on n’a qu’un seul regret : ne pas avoir pu déguster ce que l’on a semé (histoire de boucler la boucle). On laisse donc nos bébés pour les bouches d’Ewan et des prochains helpers et on ferme nos yeux pour rêver de popotes et de potagers.


Les poules aux œufs d’or… Il fût un temps où Ewan possédait des poules. Et il faut croire que comme pour les légumes, le climat tropical les inspirait particulièrement. L’un d’entre elle n’avait pas peur de sauter sur la table et d’offrir aux convives présents un œuf tout frais. Il ne reste aujourd’hui que le poulailler déserté,  des morceaux de coquilles et quelques cordes qui étaient destinées à les protéger des dingos… qu’il nous faudra ramasser pour éviter que ces idiotes de vaches ne les mangent.


2 commentaires Ajoutez le votre

  1. mom dit :

    j’adore les petites illustrations!!!

  2. MarineC dit :

    Merci pour ces articles qui nous font voyager et nous aèrent l’esprit 🙂
    c’est sûr que jardiner à Paris, c’est pas pareil… mais mine de rien j’ai une petite dizaine de bébé piments de Cayenne issus des graines que vous m’avez léguées qui murissent sur mon appui de fenêtre (c’est bien les seuls à avoir kiffé les vagues de chaleur) ! je suis pas certaine de savoir quoi en faire mais ça pousse 😉

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