#2 – Brin de causette…

…  à Darwin (Australie) avec Maddie : « J’aimerais que l’Australie devienne une terre d’immigration  »

 

Elle a 49 ans. Elle travaille pour le gouvernement en tant que directrice chargée de la délivrance de licences professionnelles dans le domaine médical.

 

 

Comment t’appelles-tu ?

Mon nom est Madonna Lee Copley Murdock. Au travail les collègues m’appellent Dona et pour les amis, c’est Maddie. Ceux qui m’ont connue dans les années 90 me connaissent sous le surnom de « Herc’ ». A l’époque je portais des mini-shorts avec une énorme ceinture avec une grosse boucle qui faisait penser à Hercule.

 

 

Quel est ton parcours, depuis ta ville de naissance jusqu’à ta ville actuelle ?

Je suis née à Narrogin, un petit bled du Western Australia. C’est un endroit très sec, dans le bush.

 

Quand j’avais neuf ans, ma mère a quitté mon père et s’est enfui avec mes 4 frères et moi à bord d’un ute [utilitaire avec remorque intégré] en direction de Perth. C’est là que j’ai commencé l’école. Avant, il y avait trop de travail à la ferme et on habitait trop loin de tout. Pour ma première journée en classe je suis arrivée avec les cheveux en charpie et des dents qui manquaient. Je ne savais qu’élever des moutons et creuser des trous : une vraie country girl !

 

On a beaucoup déménagé pendant ma jeunesse parce que mon père essayait de nous retrouver. Finalement, j’ai appris qu’il avait un cancer et il a insisté pour que je m’occupe de lui. J’avais 21 ans, un travail et de l’argent. A sa mort, je suis partie avec des amis en road trip sur les routes d’Australie. A un moment, on est passé par Darwin et j’ai retrouvé ma mère qui avait tout quitté pour aller vivre dans une communauté aborigène.

 

Elle a tellement insisté pour que je reprenne les études que je me suis inscrite à l’université de Darwin. Comme je n’avais aucun papier témoignant de ma scolarité et que j’avais oublié d’aller au test de niveau, on m’a demandé de signer un papier indiquant que j’avais bien terminé le lycée et que je voulais « vraiment vraiment » aller à l’université. Partie de rien, j’ai terminé première avec un double master dans le domaine social.

 

Et c’est aussi à Darwin que j’ai rencontré mon mari, Tony. Il jouait de la guitare et chantait dans un groupe. J’étais sa groupie, à défaut de bien chanter. Finalement on s’est installé ensemble dans cette ville et on est « happy married » depuis 25 ans.

 

 

As-tu une phrase fétiche ou un mentor ?

Comme tout le monde j’imagine, je répondrais ma mère. Elle a eu le courage de tout quitter, de changer de vie, de changer ce qu’elle était.

 

 

Quels sont tes projets à court et moyen termes ?

Pour les 5 prochaines années, j’aimerais terminer la rénovation de la maison, ouvrir un bed & breakfast dans notre cabanon et vendre notre seconde maison [qu’ils louent actuellement] qui nous pose pas mal de problèmes.

 

A plus long terme, j’aimerais que Tony prenne sa retraite, qu’on vende tout ce qu’on a et qu’on passe nos vieux jours sur notre bateau.

 

 

Dans quel pays rêverais-tu d’aller ?

Je ne suis pas une grande voyageuse. J’accorde plus d’importance à ma maison et à ma famille. Mais il y a bien un endroit où j’aimerais aller : le Library Hotel, au Portugal, avec une de mes amies portugaises qui pourrait me parler de son pays.

 

 

Comment définirais-tu ta ville et ton pays en trois mots ?

Pour Darwin, je dirais « aventure » et « home ». Et pour l’Australie ce serait plutôt « liberté », « été sans fin » et « poussière ». Dans ma jeunesse, il y avait de la poussière partout à cause de la terre sèche et du sable, dans la maison, dans la voiture, dans mes dents…

 

 

Comment vois-tu ton pays, avec ses points forts, ses faiblesses et ses enjeux ?

Ce que je préfère dans mon pays c’est l’ouverture d’esprit des gens, ils sont accueillants. En revanche, et je reconnais que cela peut paraitre contradictoire, j’ai honte des australiens  parce qu’on est un peuple assez raciste. Envers les autres cultures, les asiatiques, les aborigènes. C’est horrible ce qu’on a fait subir aux aborigènes…

 

Je pense que l’Australie doit faire face à deux enjeux majeurs : la pauvreté, notamment celle touchant les communautés aborigènes, et l’immigration. J’aimerais que mon pays devienne une terre d’immigration, comme il l’a été dans le passé. Un modèle d’intégration et de réconciliation.

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