Réveil à 2h30 du matin. Impossible de se rendormir. Sans doute le repas trop copieux de la veille. Sortie discrète de la tente, accompagnée par un crabe de la taille d’une main venu se loger dans les claquettes. En deux pas, la plage. Rien de mieux pour une balade matinale.
Tout est tranquille, tout est calme. Une atmosphère magique, que seuls ces matins sur la plage peuvent apporter. A moitié dans l’ombre, à moitié dans mes pensées, à rêver de fonds marins et d’îles perdues au bout de la Grande Terre, à sentir le parfum délicieux des fleurs tropicales, à entendre le doux clapotis des vagues et le bruit des poissons qui se réveillent et sautent hors de l’eau pour dire bonjour.
Les racines des palétuviers, telles des milliers de tentacules interminables me montrent le chemin Sous le sable qui s’enfonce à chacun de mes pas, ce sont des bouts de vie que j’aperçois : une palourde qui tente de se cacher et se referme quand je la prends, les trous de crabe dont sortent quelques pinces aventureuses, une petite raie à longue queue qui s’est retrouvée piégée par la marée descendante, des coquillages vides, symboles d’une vie passée…
Passage sous un cocotier de bord de mer, le rêve de n’importe quel touriste, et réaliser que le naturel est travaillé : plantés ici par la main de l’homme, pour se protéger des cyclones, ils font parfaitement le travail. Quelques arbres couchés par endroit ; l’assaut incessant de vagues a eu raison d’eux. Le sel, l’eau et le soleil les laveront des termites, et les voilà prêt pour les constructions humaines.
Regarder les premiers oiseaux qui sortent des arbres, hôtel d’un jour ou de toujours. Une barque qui flotte doucement au bord de l’eau, encore endormie elle, avant que les marins ne la réveille et qu’elle parte une fois de plus dans le lagon. Des noix de coco tombées qui roulent vers la mer. Les blanches, on ne les touche pas, elles deviendront arbres. Les sèches, on peut les ouvrir et récupérer la pulpe pour le petit-déjeuner tout à l’heure.
Remarquer ça et là, au travers d’une eau transparente, des étoiles de mer venues d’une autre planète. C’est la voie lactée qui prend repos de nous. Ce soir, elles remonteront au ciel, guides éternels des marins et noctambules.
Se faire picoter les pieds par des crabes et des petits coquillages. Trouver un joli morceau de corail blanchi par le soleil, observer ses formes et ses gravures – parfait pour le mobilier naturel que je construis.
Admirer les couleurs des nuages qui se reflètent sur l’eau. Du rose. Du orange. Du jaune. Autant de signes d’un rendez-vous imminent avec l’étoile. Passer d’une baie à l’autre et découvrir que l’on arrive plein est, pour le lever du soleil. Il ne reste plus qu’à prendre place sur un rocher et à regarder la vie se dérouler devant soi.
Les petits bonheurs d’une vie simple, où les activités succèdent au repos; où la continuité des éléments est assurée ; où chaque chose est à sa place ; où règne l’harmonie.
Très très beau texte… je lis ça en me réveillant le contraste est rude avec notre réalité savourez les enfants savourez….
Oui, le bonheur est fait de tous ces petits détails.