NPNT#7 – Les bons, la baie et le truand

Résumé de l’épisode précédent : après plusieurs semaines de recherches et d’enquêtes, nos deux agents ont retrouvé Super Croc dans le parc de Litchfield. Et malgré un malheureux contretemps qui les a empêchés d’arrêter définitivement la bête, nos vaillants camarades le suivent désormais à la trace grâce à l’implantation d’une puce GPS.


Le Croc se dirige vers le nord. Toujours. Pas le temps d’obtenir les autorisations pour traverser les zones de conservation des parcs alors on fait le détour par la route. Encore une fois. Cette bonne vieille amie australienne qui accompagne toutes nos enquêtes au long cours.

Trêve de rêverie, notre radar bip pour prévenir que le reptile s’est arrêté à quelques kilomètres de là. On se range sur le bas-côté, on affûte notre pistolet-appareil photo et on s’enfonce têtes baissées dans le bush. Mais, héhé, c’est que la vieille peau avait plus d’un tour dans son sac. Ça fait plusieurs minutes maintenant que nos narines nous chatouillent et le constat est implacable : ça empeste la fumée !! Tout brûle autour de nous et on commence à cracher nos poumons. Cette enflure de croco a mis le feu derrière lui pour couvrir ses écailles. Impossible de faire un pas de plus ; il faudra le coincer ailleurs…

On se prend finalement une petite planque dans le coin pour faire profil bas et potasser un peu la routine de notre cible. Patienter pour mieux agir : voilà notre nouveau crédo. Y’en a de la jugeote dans nos caboches quand même. On installe notre matériel de surveillance et on se relaie au moniteur pour rien louper. On s’autorise seulement 5 minutes par jour de break pour tenir la cadence. Ça serait dommage de passer à côté de quelque chose sous prétexte que notre estomac réclame sa pâté…

Nos efforts sont récompensés quand on flaire une piste, un point faible dans l’organisation du truand. Tous les jeudis, il suit un rituel implacable : quelques heures le matin dans les sources chaudes de Berry Springs et l’après-midi, c’est boxe à la salle de sport située derrière la station-service, une de ses nombreuses façades pour ses blanchiments d’argent sale. Il semblerait que même les plus grands patrons du crime prennent le temps d’entretenir leur corps. Les temps ont bien changé…

Les choses sérieuses peuvent commencer : il faut mettre au point un plan d’action pour capturer le Croc. La salle de gym ? Elle s’avère imprenable. Une seule porte d’accès, des gorilles partout qui assurent la sécurité, une vue dégagée à des kilomètres à la ronde… Le Wildlife Center où il « dîne » régulièrement ? Trop de demandes et de paperasses pour intervenir, on n’est pas fait pour ces conneries. Il nous reste alors les bains d’eau chaude, un lieu public dont on pourra facilement sécuriser le périmètre et disperser les renforts qu’on a demandés à l’Agence, sûrs de notre coup.

On se demandait si notre appel avait été entendu, quand débarque tout un contingent de zozios en uniforme dans le camp réquisitionné par nos soins. Ils sont rangés au carré, dans des caravanes dupliquées à l’infini. Pas un poil qui dépasse. On a parfois tendance à oublier les liens qui unissent l’Agence à l’armée de la terre rouge…

Le jour J arrive. On s’est entrainé pendant des semaines pour être prêts. Chacun connaît son rôle. Tout est sous contrôle. On voit le Croc arriver avec sa garde dans son point d’eau préféré. Les premières gouttes glissent sur notre front, mais on garde notre sang-froid.

Dans le plus grand silence, on  coupe l’accès aux routes, on déploie la rubalise et on interdit aux visiteurs incrédules de poser leur serviette de plage. C’est du sérieux ici, y’en a qui bossent ! Nos meilleurs agents, éparpillés derrière les palmiers et autres végétaux exotiques, sont sur le coup.

Un par un, on réussit à neutraliser l’escorte de crocos aux dents longues qui font la ronde autour de leur chef. On attrape celui-là par derrière, on assomme celui-ci avec un rondin de bois. L’étau se resserre. Notre sous-marin invisible nous indique que le croc est désormais seul dans l’eau.

C’est le moment d’agir. On sort de notre planque pour enchainer les prises de corroboree, une danse aborigène qui ensorcèle l’adversaire jusqu’au KO final. Cling ! Bam ! Boum ! Paf ! Esquive à droite, parade à gauche ! Uppercut, kick flip, saut du cabri ! Tout y passe !

Bingo ! On tient un bras, puis la queue. La mâchoire est immobilisée. Les yeux exorbités, Super Croc abdique. On l’a eu le bougre, à l’usure. Et on n’est pas trop de six pour le ramener au Q.G de l’Agence, à Darwin. A nous la gloire et les lauriers. On quitte définitivement la cour des péquenots.


Epilogue : la capture de Super Croc a mis fin à plus d’une décennie de méfaits dans le Top End. Jugé et condamné aux travaux forcés à perpétuité en Tasmanie le roi des lézards ressasse son ancienne vie au rythme des « Mission Songs ». Quant à nos deux agents, ils ont bien mérité quelques vacances et ont prolongé leur séjour à Berry Springs. L’Agence saura les rappeler à son bon souvenir le moment venu…

Un commentaire Ajoutez le votre

  1. boby53 dit :

    Belle fin! Par contre les hamburgers ne font pas envie…
    A la prochaine,

    Bises, DAD.

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