NPNT#2 – Décodons du Kakadu

Résumé de l’épisode précédent : nos deux agents en poste à Darwin sont partis traquer le dénommé Super Croc à Mary River mais tout laisse à penser que le fugitif est déjà loin, loin dans le parc du Kakadu. Les indices récoltés dans les marais ne trompent pas.


A bord de notre tas de ferraille, on avale les kilomètres qui nous séparent du Kakadu en moins de temps qu’il n’en faut pour siffler une ginger beer. Pendant ce temps, on nous a rencardé avec un local pour récupérer le pass « 7 jours », la carte détaillée de la région et un casse-croûte des plus sommaire. Décidément, l’agence n’est plus ce qu’elle était.

Le repas englouti, on digère les informations reçues. Le Kakadu est un parc aussi vaste que feue notre Picardie, à la culture aborigène vivace et aux mille et une légendes qui alimentent encore les conversations de comptoir.

La carte indique clairement Jabiru, qui semble être le QG du Croc. On se met donc en route dare-dare en coupant par le bush, à pied et en ligne droite pour faire court. Savanes, jungles, terres rocheuses… on trace la route sans se retourner. Surtout qu’ici les feux de plaine se déclenchent anormalement vite. Pas question n’ont plus de se laisser distraire par la faune locale. On renvoie l’araignée géante dans sa toile et la fourmi des arbres dans sa fourmilière suspendue. Si le devoir ne nous guidait pas, on se serait perdu déjà dans cette sacrée nature, piégé par la beauté des lieux.

Après plusieurs jours de marche se dessine tout d’un coup, au loin, une silhouette gigantesque. La forme est difficile à distinguer mais au fur et à mesure qu’on se rapproche, les détails apparaissent. Un œil ici, une patte par là… C’est lui, c’est Super Croc ! Notre mission touche à son but !

Fausse alerte. Ce n’est que son repère, un bâtiment construit à son image. Quel mégalo celui-là… Personne en vue, la voie est libre : on rentre par la fente de l’œil et on met sens dessus-dessous tous les organes du Croc. En vain. Pas le moindre indice à se mettre sous la dent.

On décide alors de prendre un peu de hauteur pour y voir plus clair et cogiter sur cette satanée affaire. L’organisation du croco a manifestement été sous-estimée . Au sommet de la cascade de Gunlom, la vue sur le territoire est à couper le souffle et rien ne peut échapper à notre radar. Il semblerait qu’il y ait de l’agitation au nord.

On ira voir ce qui se trame là-bas mais faudrait pas qu’on se précipite de trop et qu’on rate des traces de la bête. On inspecte scrupuleusement les piscines en cascade qui débordent de la falaise. On barbote, on plonge, on patauge, on replonge… Nada. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir mis du cœur à l’ouvrage. Les heures passées à faire trempette (dans un cadre strictement professionnel bien entendu) ont fait chou blanc, et c’est la queue entre les jambes qu’on prend la direction d’Ubirr, au nord.

Arrivé sur place, on joue des coudes pour passer la foule de touristes zombéifiés par les peintures sur pierre d’aborigènes d’un autre temps. Il y a une pelleté de dessins : de la trace de main aux représentations les plus siphonnées, faut faire le tri. Quelle galère, on n’y comprend que dalle. C’est à ce moment que réapparaît notre indic qui nous décrypte illico les dessins intéressants. Un chic type.

Il y a les Namarnde, créatures invisibles des grottes qui se nourrissent de la chair des humains qu’ils attirent dans leurs antres. Ça fait froid dans l’épine dorsale. Là-bas, il s’agit de Mabuyu qui s’est fait carotter ses poissons en revenant de la rivière. Il a retrouvé le voleur en train de les manger dans une cave et a poussé un rocher devant l’entrée. Le vaurien est encore dedans…

Petite grimpette sur la montagne érodée pour suivre notre indic intarissable qui veut encore nous montrer ses dernières découvertes. Finalement, il accouche d’une info en béton brut : l’histoire des sœurs Namarrgarn qui se transformaient en crocodiles pour tuer en toute impunité.

Namarrgarn… ce nom nous dit quelque chose… On ressort les notes et le plan de la région de notre poche dégoulinante de sueur. Gotcha. Dans une vieille langue aborigène, Namarrgarn signifie Edith et justement, le parc du Nitmiluk possède une cascade de ce nom. On n’croit pas au hasard nous, alors on s’accroche à cette piste et on file chez les crocos transformistes !

Un commentaire Ajoutez le votre

  1. Mom dit :

    Comme dirait Edith je piaffe d’impatience

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