Franchir la porte principale, se courber, traverser le jardin, [graviers], monter des marches, [pierres, terre], se laver les mains, [eau qui coule, ruissellement], sonner le gong, [résonance, grincements de corde, vibrations], admirer, déambuler, donner une pièce, [tintement], fermer les yeux, respirer, [souffle], réciter, prier, [voix, scintillement aiguë de cloches, entrechoquements de chapelets], temporiser, attendre, s’asseoir, [sifflements d’oiseaux, bruissements, vent], s’en retourner, repartir.
Il est des expériences qui, au-delà des mots, des écrits et des histoires qu’on peut leur associer, ne sauraient pleinement se transmettre sans d’autres ressources. Voir les arbres gigantesques remplir le ciel de leurs tentacules résinées ; toucher les statues de pierre sous leurs regards bienveillants ; sentir l’encens qui émane des grands vases polis ; chanter le Sutra du Cœur… Autant de petits moments de vie qui se répètent encore et encore, 88 fois au total, sans jamais perdre de leur intensité ni de leur pouvoir apaisant.
Et l’ouïe dans tout ça. D’ordinaire peu mise à contribution, voilà que tous ces sons qui flottent autour de nos corps viennent caresser nos oreilles pour emplir le vide que les yeux, le nez et les mains ne sauraient combler. Autant d’éclats sonnants qui participent à cette pratique millénaire et pourtant si nouvelle pour nous.
« Il n’y a pas d’œil, d’oreille, de nez, de langue, de corps ni de mental » nous dit le texte sacré. Et pourtant, jamais nos sens n’auront autant été en éveil. Plongés dans les forêts, perchés sur les montagnes, au milieu des autres attroupements de pèlerins, à la fois spectateurs et acteurs de ce spectacle multi-sensoriel fascinant. En voici donc un fragment sonore, pour le souvenir, pour la mémoire et pour le plaisir.
Magnifiquement exprimé l’esprit de ce voyage ultime